Homélie des obsèques de l’Abbé Hautefeuille

« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive. »
_{(ST JEAN. 12. 26)}

BERNARD VOULAIT SERVIR LE CHRIST, EN PRIORITÉ PAR L’ÉVANGÉLISATION DU MONDE OUVRIER.

Il avait été très marqué par son curé, l’abbé Cheyns, très proche des plus pauvres. Dans la vallée de la Nièvre ou dans le Vimeu, l’Action Catholique, – en particulier l’A.C.O. ou l’A.C.E – était très importante pour lui. Bernard savait voir le positif, souligner l’action de Dieu, chez des personnes éloignées de l’Eglise, que ce soit dans les rencontres de préparation des baptêmes et des mariages, ou dans les réunions avec les catéchumènes ou les catéchistes.

BERNARD SERVAIT LE CHRIST AVEC SA PERSONNALITÉ, SON CARACTÈRE, DON HISTOIRE

Il était consciencieux, presque minutieux pour préparer ses interventions. Sans en faire l’étalage, Bernard était très cultivé, s’intéressant à la théologie, la bible, mais aussi à l’histoire, la vie politique ou économique. Il lisait beaucoup et avait une bonne mémoire. Ordonné prêtre après le concile Vatican II, il était attentif à la vie de l’Eglise, en France ou dans le monde, s’interrogeant parfois à propos de changements pastoraux qui le déconcertaient un peu. Faut-il ajouter qu’il connaissait très bien l’histoire du Vimeu.

Bernard était discret, avec de temps en temps un sourire malicieux. Il s’efforçait de ne pas compliquer la vie des autres. Il savait écouter et tenir compte de l’avis des autres.

BERNARD SERVAIT LE CHRIST AVEC UNE SANTÉ FRAGILE

Nous savions tous que Bernard avait bien des difficultés pour marcher, monter des marches et même en ces derniers temps, pour lever le bras. Depuis longtemps, il dormait difficilement. Bernard ne se plaignait jamais mais on voyait bien qu’il souffrait pour faire certains gestes, malgré son courage. Peut-être ne savait-il pas – ou ne voulait-il pas – demander de l’aide pour éviter une fatigue supplémentaire ?

« JÉSUS A DONNÉ SA VIE POUR NOUS. NOUS AUSSI, NOUS DEVONS DONNER NOTRE VIE POUR NOS FRÈRES. » _{( 1ÈRE LETTRE DE ST JEAN )}

Ce texte a été commenté par Bernard juste avant sa mort et il l’a vécu au quotidien. Il allait facilement rendre visite aux malades ou aux personnes isolées. Discrètement, il aidait des paroissiens en difficulté, par exemple en leur apportant des légumes de son jardin. Il demandait facilement des nouvelles à ceux qu’il rencontrait : « ça va-t-y ? »Tout le monde savait qu’il vivait très simplement. Il mettait en pratique ce que St Jean demandait dans ce même texte : aimer « par des actes, pas seulement par des paroles. »

JARDINER, BRICOLER, C’ÉTAIT LA DÉTENTE DE BERNARD.

Bernard aimait bien jardiner le lundi ! Là encore, il savait plein de choses : le moment pour les boutures ou la taille des arbres, les noms des plantes ou des fleurs. Bien sûr, il avait les qualités d’un bon jardinier : regarder pour ne pas confondre les premières pousses et les mauvaises herbes ; patienter et attendre le temps de la récolte ; s’émerveiller de la graine qui donne tant de fruit.

Malgré notre peine, nous savons bien que Bernard est « passé de la mort à la vie en aimant ses frères », que sa vie « a porté beaucoup de fruit » (lectures d’aujourd’hui).

GÉRARD LEFÈVRE