Vœux de Mgr Olivier LEBORGNE pour 2017

Monseigneur Olivier LEBORGNE présentait ses vœux aux acteurs du diocèse ce vendredi 6 janvier à la Maison diocésaine Saint-François de Sales.

Madame la maire d’Amiens et vice-présidente du conseil régional, Monsieur le Procureur Général, monsieur le Procureur, Mon Colonel, Madame la Directrice départementale de la sécurité publique, Monsieur le Directeur de cabinet du Préfet, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les représentant des institutions civiles et militaires, Messiers les Pasteurs et représentants des communauté musulmanes, chers frères prêtres et diacres, chères religieuses, chers chefs d’établissement de l’enseignement catholique ,chers laïcs en mission ecclésiale, et membres des équipes de conduite pastorale, chers amis,

Soyez d’abord remerciés de votre présence. Elle manifeste l’intérêt que vous portez à l’Église catholique qui est dans la Somme, et pour beaucoup, l’engagement que vous y avez, votre désir de vivre l’Évangile au service de tous et au cœur du monde.

Nous sommes donc rassemblés pour la désormais traditionnelle présentation de vœux. Pour le faire, je voudrais m’appuyer sur la dynamique triennale dans laquelle le diocèse d’Amiens est entré depuis 18 mois. Il y a eu l’année de la miséricorde, nous sommes entrés depuis 3 mois dans l’année de l’Esprit Saint et à partir de la prochaine fête de la Saint Firmin (24 septembre 2018), nous entrerons dans une année synodale

  1. Dans le mouvement de l’année de la miséricorde, je voudrais d’abord vous souhaiter d’approfondir la dimension communautaire et politique de la vie humaine.

Nous avons découvert ou redécouvert, à l’invitation du pape François, le mot de miséricorde, et surtout de la réalité qu’il désigne. J’ai de nombreux échos du fait que cette année de la miséricorde a été pour un certain nombre de personnes l’occasion de vraies et profondes démarches de réconciliation, de démarches qui ont ré-ouvert des avenirs qui semblaient obstrués. Cette année nous a donné de replonger au cœur de la foi. Le mouvement stimulé par cette année est appelé à se poursuivre. Peut-être dans deux directions :

Comment passer d’un accueil, d’une appropriation personnelle de cette réalité, à une appropriation et un exercice communautaire de la miséricorde ? J’ai eu l’occasion ces derniers temps de rencontrer divers responsables du secours catholique. Vous savez sans doute que nous sommes à un moment de passage important, puisque depuis 3 jours les deux délégations Aisne et Somme en sont devenus une seule. Je voudrais dire ma reconnaissance à tous ceux qui sont engagés au secours catholique, et plus largement à tous ceux qui sont engagés dans la solidarité, qu’ils soient croyants ou non. Quand je rencontre les responsables du secours catholique, je leurs dis toujours qu’il me semble qu’une de leur mission est d’aider les communautés chrétiennes comme communauté à vivre la dimension royale de notre baptême. La charité ne se délègue pas. On ne s’en débarrasse pas auprès d’experts. Elle est le cœur de la foi chrétienne, elle en est le lieu d’expérience par excellence. Nous avons besoin d’experts pour nous accompagner, nous soutenir, mettre leurs compétences au service des plus démunis, mais c’est bien à la communauté comme communauté de vivre la charité et la miséricorde. J’ai parlé du Secours Catholique, on pourrait aussi parler de nos frères et sœurs âgées ou malades, des personnes seules… Je vous souhaite ainsi une année de miséricorde «  communautaire » – antidote à toute tentation communautariste – , sociale et avec d’autres.

Mais je ne pense pas qu’à la communauté chrétienne. L’année 2017 sera une année électorale importante. Le mérite de l’année de la miséricorde est qu’elle nous a fait sortir d’une conception mièvre de la miséricorde. Révélation du cœur de Dieu, attitude faite de tendresse, de compassion, d’engagement de tout l’être, de détermination et de fidélité, la miséricorde a évidemment une dimension politique forte. Les œuvres de miséricorde corporelles et spirituelles le montrent très clairement. Permettez-moi de rappeler les sept œuvres de miséricorde corporelles : donner à manger aux affamés, donner à boire à ceux qui ont soif, vêtir ceux qui sont nus, accueillir les étrangers, assister les malades, visiter les prisonniers, ensevelir les morts. Comment ne pas rappeler dans ce sens la belle collaboration qui a eu lieu avec les services de l’État pour l’accueil des réfugiés, ou la journée passée à Bernaville avec 550 personnes engagée dans l’accompagnement des familles en deuil. Il nous faut poursuivre.

Mais je vous souhaite aussi une année de la miséricorde continuée jusque dans votre approche des élections à venir. Le processus de discernement politique et de vote est très complexe. Aucun d’entre nous ne parle que ou d’abord de l’Évangile ou serait en pleine transparence avec lui. Nous parlons à partir de notre histoire, des rencontres que nous avons vécues, de nos expériences, et des convictions qu’elles ont forgées en nous. Et nous essayons de laisser l’Évangile les convertir. La pluralité est ainsi légitime parmi les chrétiens. Je demande au Seigneur que ce que nous avons vécu et découvert de la miséricorde imprègne jusqu’à ce discernement politique en vue du bien commun. Et que nous sachions aider les chrétiens à approfondir la dimension politique de la miséricorde.

Dans le souffle de l’Année de l’Esprit Saint, je vous souhaite une année de confiance et d’espérance.

Commencée fin septembre dernier, l’année de l’Esprit Saint se poursuivra jusqu’à la prochaine Saint Firmin. Il semblerait que la petite prière à l’Esprit Saint commence à faire son œuvre (j’ai plusieurs témoignages personnels qui me disent combien une prière apparemment tellement anodine peut être source de renouvellement et de nouveauté), et que les groupes autour des actes des apôtres  et de la dynamique « disciples missionnaires » aient un vrai succès (environ 2000 personnes dans plus de  200 groupes). Il y aura encore la neuvaine de Pentecôte et les conférences pascales.  Mais là encore, je voudrais aborder le sujet par un autre biais

L’Esprit Saint dans l’Église est aussi celui des martyrs. J’ai eu la joie cette année de vivre un pèlerinage en Corée sur les pas des martyrs de Corée, dont Saint Antoine Daveluy, prêtre du diocèse d’Amiens parti vivre et donner sa vie en Corée. Les martyrs ont plus à nous apprendre que nous pensons. Je vous souhaite une année qui ose la parole authentique et droite, qui apprend chaque jour à vivre ce que l’on dit et à gager par le témoignage de vie les paroles que l’on prononce. Je vous souhaite cette cohérence profonde à laquelle nous aspirons tous. Pour les chrétiens parmi nous, je vous souhaite le témoignage eucharistique de la vie donnée pour la vie dans la vie du Christ pour la vie du monde. Cela ne prendra pas forcément la forme que cela a pris pour le père Hamel, mais je vous souhaite l’audace simple et quotidienne de l’Évangile…

Fin septembre prochain, nous entrerons dans une année synodale. Un synode diocésain est un événement extrêmement important dans l’Église catholique. Dans le code de droit canonique, il est désigné comme le premier organe de gouvernement de l’évêque – avant même la nomination du vicaire général que je tiens pourtant à remercier pour sa collaboration qui m’est si précieuse.

Synode : étymologiquement, marcher ensemble. Le synode est une marche ensemble de tous les baptisés du diocèse (j’ai bien dit baptisés, pas seulement pratiquants ou engagés – je désire que nous élargissions considérablement l’espace de notre tente, pour reprendre une image biblique, à l’occasion de ce synode.)  Après une période de sensibilisation qui commence dès maintenant, nous vivrons une période de consultation, qui elle-même sera suivie d’une assemblée où des délégués de toutes les communautés du diocèse élaboreront des propositions pour les présenter au discernement de l’évêque.

Un synode n’est pas l’assemblée générale des catholiques, il est  le rassemblement des baptisés qui se mettent sous la motion de l’Esprit et cherchent ensemble à répondre à la question de savoir ce que le Seigneur veut, pour les années à venir, concrètement, pour cette Église qui est dans la Somme.

Quand le diocèse se projette dans l’avenir, il sait pertinemment qu’une période est révolue et qu’une nouvelle manière de vivre la communauté et d’être au monde s’annonce.

C’est avec tous les chrétiens que je veux m’y ouvrir. Les chrétiens savent bien que tout ce qu’ils disent n’est pas de l’Esprit Saint, mais avec l’Église, je pose l’acte de foi – et j’invite tous les fidèles du diocèse à le poser fermement avec moi – que l’Esprit Saint parle par les baptisés et que c’est ensemble que nous allons entrer dans l’avenir. Quelles seront les conclusions de ce synode ? Je n’en sais rien. Et tant mieux. Et je suis prêt à me laisser surprendre !

Je ne développe pas plus mais vous entendez, je pense, l’importance que recèle pour moi cette démarche.  Je suis heureux de vous la présenter à tous – elle sera l’événement de l’année 2017-2018 pour nous – et en profite pour dire aux chrétiens ici présents que je compte sur eux tous.

Dans cet esprit synodal, je voudrais terminer ces vœux en souhaitant à chacun d’entre vous et à tous une année 2017 soit de marche ensemble – dans vos familles, vos vies professionnelles, vos missions, pour notre pays.

Je voudrais vous souhaiter une année d’audace – je préfère un diocèse trop audacieux qu’endormi ou résigné ; osez !

Je voudrais vous souhaiter une année pleine d’Espérance en actes et en vérité.

Je vous remercie.

Mgr Olivier Leborgne
Évêque d’Amiens

Podcast et photos

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