Gauthier Dacar : Diacre en vue du ministère

Retour sur l’article paru dans le numéro 5183 du Dimanche :

Gauthier Dacar : bientôt diacre en vue du ministère de prêtre

Gauthier Dakar est originaire de pont-de-Metz où il a grandi. A 31 ans, il se prépare à devenir prêtre pour notre diocèse. Son ordination diaconale aura lieu en l’abbatiale de Corbie le 28 juin prochain.

Baptisé tout petit, je ne suis pas allé au caté à l’âge habituel. Mes parents n’avaient rien contre, mes sœurs y sont allées mais pas moi. Pourquoi ? Ma mère surtout me voyait attiré par les églises et avait peur que je ne tourne mal, que je devienne prêtre ! (je faisais des dessins d’églises, je demandais pour aller brûler un cierge à la cathédrale le dimanche, j’enterrais les oiseaux dans le jardin, bref il y avait des signes !) Etais-je forcément un petit garçon sage… Euh ça dépendait ! Qu’est-ce qu’on pouvait se chamailler avec mes sœurs ! Mon père devait reboucher avec patience les trous dans le bas des portes pour causes de coups de pieds… Quelle patience mes parents avaient ! Nous avons reçu beaucoup d’affection et d’amour.

J’AI ÉTÉ FRAPPÉ PAR CET HOMME SUR LA CROIX

C’est parti d’une rencontre pendant les vacances alors que j’étais en camping dans le Pas-de-Calais à Briemeux. Une vieille dame, ridée mais très belle, rayonnante, habitée de la joie de quelque chose, de quelqu’un qui faisait qu’elle était différente des autres. Elle s’intéressait à son village, à la société, aux autres… Un jour, elle m’a emmené pour la première fois à la messe où j’ai été frappé par cet homme sur la croix. Qu’est-ce qu’il fiche là ? Que font tous ces gens qui convergent vers un même but ? Du coup, à 15 ans, est venu le désir de creuser un peu et de faire ma première communion. Aumônerie, moqueries (oh ! C’est la honte, tu ne vas pas faire ça ! C’est pour les petits, les enfants !) Peu importait, petit-à-petit, discrètement, au fur et à mesure des rencontres avec d’autres chrétiens (en paroisse, dans le village…) j’ai découvert la Bonne Nouvelle de Jésus qui m’a fait voir un vaste horizon de possibilités, de chemins pour chacun. Très vite, le Seigneur m’a demandé de me convertir en me disant : « Suis-moi !» (JN1,43). Cet appel a changé ma vie, m’a décentré de moi-même, j’ai pu commencer à m’ouvrir aux autres, à penser à eux, à avoir un autre regard.

L’ESPRIT SAINT AUGMENTE EN NOUS SES DONS

J’ai fait ma confirmation le 27 mai 2000, cela faisait partie du package avec ma première communion. Je n’ai pas trop compris ce qui m’arrivait sur le moment, mais sans cela, je crois que je n’aurais jamais pu m’engager comme aujourd’hui. Sans la force de Dieu, de l’Esprit Saint qui augmente en nous ses dons, je n’aurais jamais pu, comme on me l’a proposé à l’époque, faire partie de l’équipe des catéchistes de ma paroisse ! Témoigner, dépeindre, défendre par la parole mais aussi l’action le Christ, confesser son nom même auprès des parents des enfants, auprès d’amis, de camarades étudiants, ça n’aurait pas été possible. J’ai fait l’expérience d’être plus fermement uni au Christ, à une famille reliée à un même Père, notre Père du Ciel. Et petit à petit le désir de servir la cause du Christ, voyant bien le sens formidable qu’il apporte à notre vie, a grandi en moi. Prêtre ? Et pourquoi pas moi ?… Oh ! Il y en a d’autres qui pourraient l’être bien mieux que moi…

JE RECHERCHE UN AMOUR PLUS GRAND, PLUS FORT

Mes années d’étudiant ont été éprouvantes, en des lieux où l’on ne faisait pas référence à Dieu… De belles années quand même, de nouveaux questionnements : pourquoi le profit à tout prix ?, dans notre monde, cet individualisme grandissant, le chacun pour soi, une certaine banalisation de la sexualité, le non-respect de la création… J’ai eu envie de faire comme tout le monde, avoir une belle voiture, une belle maison, une belle copine… Mais, grâce à des conversations de chrétiens, de prêtres, je me suis aperçu que je recherche plus que ça finalement, je recherche un amour plus grand, plus fort. J’ai alors entamé une année de fondation spirituelle.

N’ayez pas peur du Christ, il n’enlève rien mais il donne tout ! BENOIT XVI

Neuf mois de propédeutique, c’est le temps d’un accouchement ! Un temps où l’on se coupe de ses attaches et on se met un peu à l’écart pour voir ce qu’on fait de sa vie, ce qui y est important, si l’on a vraiment le désir de se donner à Dieu et aux autres, si c’est bien un chemin de bonheur, de sainteté en fonction des talents de chacun. C’est un peu dur mais très libérant ! Ça m’a permis de vraiment voir que je ne voulais pas me donner exclusivement à une femme mais à un peuple, à la manière de Jésus Bon Pasteur, qui a tout donné pour conduire dans l’Esprit notre humanité vers le Père, vers son ciel.
Que la Vierge Marie, notre maman du Ciel nous aide à toujours mieux accueillir son Fils afin que nous trouvions notre chemin d’accomplissement dans l’engagement au service des autres.

Le séminaire : un grand temps avec des étapes importantes qui me marquent et me stimulent pour la prêtrise

Le mot séminaire vient du mot semence (semen-is en latin) et désigne le lieu où est semée la Parole de Dieu. C’est une pépinière dans laquelle vivent des hommes qui veillent à ce que le Seigneur puisse prendre de la place dans leur vie, à être disponible pour le recevoir. Parfois il faut retirer les pierres, les ronces, les épines qu’il y a dans nos cœurs et sur notre chemin. C’est comme dans l’Evangile, c’est un travail de conversion, jour après jour… C’est là qu’on fait l’expérience d’être sauvé, qu’avec Jésus et sa force, on arrive au-delà de nos limites à avancer ensemble par les moyens qu’il nous donne, la prière, les sacrements (l’eucharistie, le sacrement de réconciliation…), la correction fraternelle (MT18,15-21)…

L’ADMISSION

Le 19 avril 2013, première étape officielle lors d’une petite cérémonie où l’évêque vient au séminaire et pose des questions… A l’appel de son prénom, chacun répond : « Me voici ! ». Entouré de ma famille, d’amis, de paroissiens… un premier oui a été posé entre l’Eglise et moi, comme au jour de fiançailles où un garçon et une fille se disent un premier oui, fin d’un premier travail de connaissance réciproque et qui laisse présager d’autres « oui », notamment un plus grand encore (celui du mariage, de l’ordination…) L’admission a été la grande joie de pouvoir s’engager un peu plus dans une formation au service de Jésus et de son Eglise. Très concrètement, cela s’est traduit par une plus grande motivation dans les études parfois arides, dans une plus grande fidélité à la prière et la vie communautaire.

L’INSTITUTION AU LECTORAT, LE SERVICE DE LA PAROLE DE DIEU

Le 21 novembre 2013, l’évêque nous a dit : « Recevez le livre de la Sainte Ecriture et transmettez fidèlement la Parole de Dieu ; qu’elle s’enracine et fructifie dans les coeurs ». C’est faire l’expérience que la Parole du Seigneur est capitale pour nous faire connaître Dieu et son projet pour les hommes. Aux offices, dans le coin prière de ma chambre, dans la nature quand je fais du vélo… prier en se mettant à l’écoute de Dieu, Bible en mains, et lui confier ce qui nous préoccupe. Qu’est-ce que c’est bon ! Qu’est-ce que c’est éclairant et motivant par rapport au mystère de notre vie ! Comme le dit le psaume : « Ta parole Seigneur est la lumière sur mes pas, une lampe sur ma route » (Ps118). C’est découvrir à propos de l’amitié dans le livre de l’Ecclésiastique (6,14) qu’un ami fidèle est un abri sûr, qui l’a trouvé a trouvé un trésor !

L’INSTITUTION À L’ACOLYTAT, LE SERVICE DE LA MESSE

Le 21 novembre 2013 également, l’évêque nous a dit : « Recevez cette coupe et ce pain pour la célébration de l’Eucharistie, et montrez-vous digne de servir à la table du Seigneur et de l’Eglise. » Joie de recevoir la coupe et la patène pour le pain et le vin. Joie de participer désormais d’une manière nouvelle à ce sacrifice d’amour pour tous dans la certitude que le Seigneur assume nos joies, nos peines, dans l’amour débordant de son coeur, dans sa grande miséricorde. Rencontre d’amour à servir auprès de tous. Notre Père s’y donne à voir par Jésus son Fils et dans l’Esprit en nous faisant connaître ce qu’on est appelé à vivre de beau, de grand, chacun à sa place. Ce don d’amour nous nourrit et nous sauve, il vaut plus que beaucoup de choses de la vie car là où Jésus et les hommes se rencontrent, ces derniers changent, deviennent meilleurs. Il se crée une plus grande capacité de paix, de réconciliation… Si Jésus est absent de ma vie, il me manque alors une amitié essentielle !

PROPOS RECUEILLIS PAR MARIE ROUSSEL

Par l’imposition des mains et le don de l’Esprit Saint pour l’annonce de l’Évangile, pour le service de Dieu, de son Eglise et de tout homme, Son Excellence, Monseigneur Olivier Leborgne, évêque d’Amiens ordonnera diacre en vue du ministère de prêtre :

Gauthier Dacar

le dimanche 28 juin 2015 (en la 13e semaine du temps ordinaire), à 15h30 en l’église abbatiale Saint Pierre de Corbie (80).

Avec Gauthier, Patrick Rabarison, sera ordonné diacre en vue du sacerdoce, pour la communauté